La petite histoire vraie de la Bande des Abbesses, "Les Loulous de Montmartre"

Cet article décrit la petite histoire vraie à l'origine de l’œuvre de Mara Tranlong "Les Loulous de Montmartre". Avant de découvrir les 16 œuvres de la collection entière, il est donc intéressant de le lire pour ensuite s'attarder sur chacune d'elles, accessibles par la rubrique "Collections" dans le menu du site.


Mara Tranlong et deux ex "Loulous de Montmartre" avec en fond "Toujours le même refrain" oeuvre N°8 de la collection
Mara Tranlong et deux ex "Loulous de Montmartre" avec en fond "Toujours le même refrain" oeuvre N°8 de la collection
C'est au travers des récits "tumultueux" des Abbesses et de Montmartre, de ses "Loulous" et des virées au Golf Drouot rapportés par ses fils, que Mara Tranlong a entrepris de réaliser des décennies plus tard cette collection qu'elle intitula naturellement "Les Loulous de Montmartre". Les Loubards sont représentés en loups, les tenanciers de bar en Sharpei ou en Bulldogs, les amis en chiens, en blaireaux, belettes et autres bêtes à poils... Les insignes et brevets militaires qui décorent certains blousons sont ceux de sont fils Minh, ancien légionnaire. On remarquera justement dans certaines œuvres de l'artiste une référence à la Légion. C'est le cas de la 1ère œuvre de la collection qui a pour titre "Le Képi blanc".

 


La bande des Abbesses "Les Loulous de Montmartre" vers la fin des années 70
La bande des Abbesses "Les Loulous de Montmartre" vers la fin des années 70
Les "Loulous de Montmartre" ont bien existé à la fin des années 1970, plus simplement appelés "La Bande des Abbesses". Bruno T., Philippe le Blond, Philippe M. dit "Gare de l'Est", Raspail, Hugues, Pouchoir, Jojo, Gros François, Bernouz, Serge W., et Hoog.

La photo ci-contre a été prise dans un restaurant chinois de la rue Lepic. La bande n'est pas au complet. (Merci à Bruno T. pour sa collaboration aux travaux de recherche de cette époque...)

Yann et Minh, les fils de Mara Tranlong, les fréquentaient sans faire partie de la bande car ils étaient un peu plus jeunes, lycéens au look Rockers à Jacques Decour ils habitaient avec leur mère au 16 rue de Steinkerque. Minh les côtoyait plus régulièrement car il était inscrit à l'AS Poulbot, le club de Boxe de la rue Ronsart où une bonne partie de la bande venait s'entrainer en vue d'acquérir les rudiments de la castagne. Tous se retrouvaient au Golf Drouot ou à la Patinoire des Champs Elysées comme on le découvrira plus bas...

Mara Tranlong - Collection Les Loulous de Montmartre - De l'eau dans le gaz - Peinture acrylique sur bois - 90cm x 100 cm
Mara Tranlong - Collection Les Loulous de Montmartre - De l'eau dans le gaz - Peinture acrylique sur bois - 90cm x 100 cm
Les "Loulous" portaient essentiellement des "Flight Jackets" en cuir et non des blousons "Perfecto" comme dessinés sur les œuvres de Mara Tranlong, mais ils n'en étaient pas moins des durs à cuir.

Les "Flight Jackets" étaient tous achetés chez "Fernand" au Marché Malik, qui ouvrit "El Paso Booty" quelques années plus tard pour proposer les "Santiagues", "Araignées", "Lucheese" qui se vendaient déjà chez Okinawa, un des deux magasins de "cuirs" à Paris (dont l'Indien aux Puces de Clignancourt) situé au 90 rue Saint-Martin où toutes les bandes de Rockers de Paris venaient s'apprêter.

Les "Perfectos" étaient en général portés par les Anges (Hells Angels) de Crimée-Malakoff, comme en témoigne la scène "De l'eau dans le Gaz" , ci-contre, une scène où un Ange fait face au chef de la bande des Abbesses, Bruno T., un ancien para. La scène est située rue Norvins à Montmartre face au Consulat.

 

Rue des Abbesses dos à l'entrée du Café Bruant. Deux gars de la Bande avec leur moto...
Rue des Abbesses dos à l'entrée du Café Bruant. Deux gars de la Bande avec leur moto...
Les gars jouaient au Babyfoot au bar Le Colibri 35 rue Véron et à quelques dizaines de mètres en remontant vers la rue des Abbesses, leur lieu de prédilection était le Café Bruant, qui existe toujours au 59 rue des Abbesses.

P.... avec ses grosses bacchantes et sa femme Gislaine dirigeaient l'établissement d'une main de fer vu l'équipe de chiens fous. Pour cela leur chien Loup, un vrai molosse, faisait régner l'ordre par ses aboiements étranglés seulement par sa laisse accrochées à l'arrière du bar. Il ne fallait pas rigoler ni même tenter quelque chose avec le boss...

Les 2 photos ci-jointes ont été prises face à la rue des Abbesses dos au Café Bruant. Quelques gars avaient des motos japonaises ou anglaises car Harley Davidson était bien trop cher pour la bande, seuls les Anges, plus vieux, pouvaient se le permettre...

Le Colibri et le Bruant devraient prochainement faire l'objet d'une œuvre de Mara Tranlong...

 

Une autre bande de "Loulous" siégeait de l'autre côté de la Butte Montmartre, à la "Baronne " dont le vrai nom du bar est toujours "L'Étoile de Montmartre" , situé à l'angle de la Rue Duhesme et de la Rue de la Fontaine du But. Les gars de la Baronne, des "terreurs" en leur temps dont le chef Pierrot D. dirigeait d'une main de fer le petit groupe composé de Patrice, Bébert, Paco et Ben. Pierrot D. et son grand frère Chouket créèrent des années plus tard une grande concession de Moto Harley Davidson dans le sud de la France.

L'ambiance du documentaire de Pierre DUMAYET dans son reportage tourné en 1960 sur la bande des "Blousons noirs" du quartier des "Batignolles" à Paris reste la même 10-15 ans plus tard, mais la bande a disparu. Le terme "Blousons noirs" a fait place au terme "Rockers", l'anglicisme à déjà fait son œuvre...

Le magnifique livre de Yann Morvan "Blousons Noirs" (Lien 1), (Lien 2) retrace en photo cette époque...


 

Entrée du Golf Drouot un dimanche après-midi
Entrée du Golf Drouot un dimanche après-midi
Yann et Minh connaissaient bien Patrick D, le plus jeune frère du chef de la bande de la "Baronne" car tous ont fait leurs premiers pas à l'école primaire du 26 rue du Mont-Cenis où la gardienne de l'école n'était autre que Madame Vedry (en raison des emplois réservés aux veuves de guerre), la maman de Marinette Vedry (Mara Tranlong) , mariée à un jeune vietnamien...

Vers la fin des années 1970 jusqu'à la fermeture en 1981, les gars de la Bande des Abbesses, "Les Loulous de Montmartre", se retrouvaient tous les dimanches après-midi au Golf Drouot chez Henri Leproux avec les autres bandes de Rockers de Trinité, République, Clignancourt, et les Teddy Boys de Place d'Italie qui arrivaient en Jacket et Shoes brandissant leurs drapeaux sudistes.

Beaucoup se rendaient "Chez Jacky" (Jacky David), à Clignancourt, le seul coiffeur parisien qui maitrisait "Bananes" et "dégradés" au ciseau.

Tous dansaient sur du Buddy Holly, Elvis Presley, Flying Saucers ou Crazy Cavan (La vidéo ci-contre n'est pas enregistrée au Golf, elle a du l'être à peu près à la même époque en Angleterre). Les "Cats" dont faisaient partie "Chouket" et "Kiki" dansaient eux le Rock'n Roll des années 50. Ce rock particulier du fameux film La Blonde Moi (Part1 et Part 2) qui faisait rêver les Rockers parisiens...

Vers 18h00 à la sortie du Golf Drouot, les Anges, dont l'entrée était interdite parce que "trop vieux" pour la clientèle, passaient bruyamment sur leur Harley rue Drouot pour montrer aux jeunes rockers qui étaient vraiment les caïds à Paris.

Les première grosses bagarres débutent entre Rockers de Paris et "ceux" qui venaient de Bondy et La Courneuve car la porte du Golf leur était aussi fermée... On retrouve cette bagarre transposée aux Abbesses dans l'œuvre "Le sirop de la rue" ci-dessous...

Mara Tranlong - Collection Les Loulous de Montmartre - Le sirop de la rue - Peinture acrylique sur bois - 90cm x 100 cm
Mara Tranlong - Collection Les Loulous de Montmartre - Le sirop de la rue - Peinture acrylique sur bois - 90cm x 100 cm

Il reste encore quelques autres lieux à "traiter" par l'artiste Mara Tranlong pour parfaire cette histoire épique de la vie de Montmartre vers la fin des années 70 et surtout pour finaliser cette œuvre de longue haleine...

La carte ci-dessous désigne les lieux parfois imaginaires et souvent véritables où "Les Loulous de Montmartre" avaient leurs habitudes... Elle désigne aussi les lieux publics où sont exposées les reproductions de l'artiste